Connaissez-vous le chirographe ?
Le terme de chirographe, ou charte-partie, provient du grec (cheiro graphon : manuscrit, en latin chirographum). Il désigne un acte rédigé en deux exemplaires sur une même feuille de parchemin. Chacun des textes est écrit en sens inverse de l'autre. Dans l'espace qui les sépare est notée, en gros caractères un texte que l'on appelle "devise" : il peut s'agir d'une suite de lettres, d'un fragment de phrase, d'un dessin ou, plus couramment, du mot "chirographe".
Une fois l'acte rédigé, il était soigneusement déchiré, en ligne droite ou en dents de scie, de manière à ce que la déchirure passe au milieu de la devise. Chacune des parties contractantes pouvait ainsi conserver son propre exemplaire de l'acte. En rapprochant les deux fragments de manière à pouvoir lire la devise et montrer qu'ils provenaient bien d'une même feuille de parchemin, on pouvait garantir efficacement l'authenticité de l'acte. Les chirographes se raréfient à partir du XIIIe siècle, progressivement supplantés par les actes notariés, mais demeurent d'usage courant dans le nord de la France.
Les Archives départementales de l'Indre conservent quelques chirographes. L'un d'entre eux, conservé dans le fonds de l'abbaye Notre-Dame de la Vernusse, est particulièrement intéressant en ce que les deux exemplaires sont conservés dans le même fonds, cas peu fréquent puisque les fragments d'un même chirographe étaient justement destinés à être conservés séparément.
Cet acte daté du début du XIIe siècle est une donation faite à l'abbaye par Pierre de Chanly et Etienne Panetier d'une terre qu'ils possédaient entre Clanay et La Champenoise. En rassemblant les deux fragments, on peut lire à la jonction le mot "Cirographus".