Archives départementales de l'Indre

Qui sont les Dauvergne ?

Portrait d'Alfred Dauvergne, bronze, v. 1885, Châteauroux, église Saint-André
Portrait d'Alfred Dauvergne, bronze, v. 1885, Châteauroux, église Saint-André

(cl. O. Prisset)

Alfred, Henry et Louis

Alfred Dauvergne (Challans (Vendée), 15 août 1824 - Le Pêchereau, 13 avril 1885) est le fils de Nicolas Louis Dauvergne, receveur à cheval des contributions indirectes. Bien que cette profession amène la famille à déménager régulièrement, le berceau familial demeure la Touraine. Léontine Bourdesol, qui épouse Alfred en 1846, est elle-même originaire de Loches ; son père deviendra maire d’Argenton-sur-Creuse sous le Second Empire.

Titulaire du Baccalauréat de Lettres en 1843, Alfred entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1847, où il obtient de très bons résultats, et intègre l'atelier d'Abel Blouet. Soutenu par les édiles locaux grâce à son réseau familial, Alfred Dauvergne profite d’un contexte économique et social favorable en ce milieu de siècle pour accéder à la charge d’architecte départemental de l’Indre : la tendance est alors à l’augmentation de la commande architecturale publique afin de soutenir l’emploi de la main d’œuvre et l’activité locale. Dès 1851, le préfet Jules Chevillard nomme Alfred Dauvergne architecte départemental et lui confie la construction d’un nouveau palais de justice à Châteauroux. Il le restera jusqu’en 1884, date à laquelle il se retire dans sa ferme des Thibauds au Pêchereau. Architecte prolifique, Alfred Dauvergne s'illustra dans l'architecture civile comme religieuse, publique et privée. En 1866, il est nommé architecte de la ville de Châteauroux, et il reçoit dix ans plus tard la médaille de chevalier de la Légion d'honneur (décret du 14 août 1876). Alfred Dauvergne réalise en tout plus de 340 constructions d'intérêt public avant son départ à la retraite : la manufacture de tabacs de Châteauroux en 1859-1860, en collaboration avec l’ingénieur Eugène Rolland ; la manufacture Balsan en 1862-1867 ; les palais de justice de Châteauroux en 1851, Issoudun en 1853-1862, La Châtre en 1855-1861 et Le Blanc en 1868-1883, la caserne d'infanterie de Châteauroux en 1873-1875, la maison d’arrêt au Blanc en 1866-1869, les églises Saint-André en 1876 [son œuvre principale, où un monument lui a été érigé à la suite d'une souscription] et Notre-Dame à Châteauroux en 1877-1892, les sous-préfectures d’Issoudun en 1865-1871 et de La Châtre en 1865-1883 ; 71 écoles et agrandissements de nombreuses autres ; des mairies ; 21 églises paroissiales et 5 chapelles de pèlerinage dans l'Indre, les châteaux de Laborde à Varennes-sur-Fouzon en 1860-1865, Lancosme à Vendœuvres en 1881-1884, et Puy-d'Auzon à Cluis en 1875-1880 ; les restaurations des châteaux de Bouges, Lys-Saint-Georges, Saint-Chartier, Villegongis ; il fut par ailleurs l'architecte attitré des domaines de Valençay et de Villedieu, ainsi que de la famille Balsan à Velles.

Henry Dauvergne (Argenton-sur-Creuse, 3 juin 1848 - Châteauroux, 4 juin 1917) est le second fils d’Alfred, l’aîné étant décédé en bas âge. Il marche dans les pas de son père et entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1871, d’où il ressort diplômé cinq ans plus tard après des études dans l'atelier d'Emile Vaudremer. Il intègre aussitôt l’agence paternelle avant d’être nommé, huit ans plus tard, architecte départemental (il le sera jusqu'à sa mort). Henry Dauvergne a à son actif la construction de 32 écoles et l'agrandissement de nombreuses autres, celle de mairies, de 9 églises paroissiales dans le département de l’Indre et l'agrandissement de nombreuses autres. Il fut l'architecte attitré des domaines de Valençay et de Villedieu, ainsi que de la famille Balsan à Velles. On lui doit la construction des châteaux de Greuille à Sassierges-Saint-Germain en 1899-1903, et de Chandaire à Arthon en 1891-1896, de même que la restauration des châteaux d’Azay-le-Ferron et de Bouges, et la reconstruction de l’église Saint-Germain de La Châtre après l'effondrement de son clocher en 1894-1911.

Louis Dauvergne (Châteauroux, 20 juillet 1854 - Saint-Marcel, 25 août 1937) est le cadet de la famille. Titulaire d’un Baccalauréat de Lettres en 1871 et de Droit en 1877, il entre lui aussi à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris la même année et étudie dans l'atelier Vaudremer. Il n’achève cependant pas ses études artistiques et intègre en 1879 l’agence du grand architecte parisien Edmond Morin, auquel il succédera six ans plus tard. Il obtient le 1er Prix aux concours pour la mairie de Maisons-Laffitte en 1887, pour l'orphelinat Quenessan à Neuilly en 1886-1888, pour le pavillon du Brésil à l'Exposition universelle de Paris en 1889 et pour la préfecture de Troyes. Il achève l'église Saint-Pierre de Neuilly (Hauts-de-Seine) en 1885-1890 commencée par son père en 1883 et construit de nombreux hôtels, villas, immeubles, maisons de rapport et châteaux, notamment le château de Dangu (Eure), reconstruit avec les pierres du château de Montretout à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) entre 1896 et 1898.

Portrait d'Henry Dauvergne par Ogereau, s.d., coll. part.
Portrait d'Henry Dauvergne par Ogereau, s.d., coll. part.
Portrait de Louis Dauvergne, s.d., coll. part.
Portrait de Louis Dauvergne, s.d., coll. part.
Carte de répartition des interventions du cabinet Dauvergne par commune, dans l’Indre, entre 1850 et 1920 (O. Prisset)
Carte de répartition des interventions du cabinet Dauvergne par commune, dans l’Indre, entre 1850 et 1920 (O. Prisset)

Sources aux Archives départementales de l'Indre

- 24 J : fonds des agences Alfred puis Henry Dauvergne, Edmond Gaud et Léon Grelier puis Pierre Bouguin (1847-1972) : dossiers et plans.

- Fi, plans 700 000 à 702 466 : plans de l’agence Dauvergne.

- 2 O : dossiers d’administration communale. On y trouve les plans et dossiers de travaux des bâtiments communaux.

- E DEP : quelques communes ont déposé leurs archives aux Archives départementales. Les plans d’édifices construits ou restaurés par les Dauvergne peuvent s’y trouver.

Bibliographie et sitographie succinctes

- APPERT (Gaëlle), L'œuvre d'Alfred Dauvergne à Châteauroux, mémoire de master 2 : métier de l'enseignement et de la formation, université d'Orléans, 2012, 1 vol.

- MONTIGNY (Arnaud de) (dir.), À la découverte des églises de l'Indre, Prahecq, Éditions Patrimoines et Médias, 2004, 501 p.

- MONTIGNY (Arnaud de) (dir.), Châteaux, manoirs et logis - l'Indre, Prahecq, Éditions Patrimoines et Médias, 2011, 430 p.

- PAILLISSON (Annabelle), Création et urbanisation de la rue de la Gare de Châteauroux, mémoire de maîtrise : histoire de l'art, université François-Rabelais, 2001, 2 vol.

- PRISSET (Olivier), Alfred, Henry et Louis Dauvergne, réussite et expansion d'une agence d'architectes (1924-1937), thèse de doctorat en Histoire de l'art contemporain, Université de Tours, 16 juin 2021, sous la direction de Jean-Baptiste Minnaert, 4 vol.

- PRISSET (Olivier), Alfred, Henry et Louis Dauvergne (1824-1937), Expansion et réussite familiale d’un cabinet d’architectes, 2024, Arles, Honoré Clair, 282 p. [à paraître en octobre].

- ROGIER (Jean), « Les liens de l’architecte Dauvergne avec la région d’Argenton », Argenton et son histoire, n°19, novembre 2002, p. 3-8.

- Marie-Laure Crosnier Leconte et Olivier Prisset, Dossier d’élève à l’École des Beaux-arts de Paris et biographie d’Alfred Dauvergne, https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/00276078 (consulté le 9 avril 2024) 

- Marie-Laure Crosnier Leconte et Olivier Prisset, Dossier d’élève à l’École des Beaux-arts de Paris et biographie d’Henry Dauvergne, https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/00276080 (consulté le 9 avril 2024)

- Marie-Laure Crosnier Leconte et Olivier Prisset, Dossier d’élève à l’École des Beaux-arts de Paris et biographie de Louis Dauvergne, https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/00276079 (consulté le 9 avril 2024) 

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