Archives départementales de l'Indre

Solange Sand (1828-1899), le "lion"

Lors d’un séjour à Chamonix, Solange déclare : « Sois tranquille, mon George ; quand je serai reine, je te donnerai tout le Mont-Blanc ».

Solange naît à Nohant le 13 septembre 1828. Gabrielle-Solange, de son vrai prénom, reçoit celui de Solange en hommage à la sainte patronne des berrichons.

Solange est vive, intelligente, passionnée, indomptable. « Elle a un terrible caractère... Elle le rachète par une tendresse passionnée pour ce qu’elle aime… Elle est gaie, folle, fantasque, aimable et détestable au suprême degré » déclare sa mère. Autant dire que les relations entre la mère et la fille demeureront difficiles et compliquées.

Après une enfance passée de pension en pension, et trop éloignée de Nohant pour Solange, celle-ci se laisse alors charmer par un voisin, un jeune gentilhomme campagnard sans fortune ni grand charisme, le vicomte Fernand de Préaux. Mais l’affaire tourne court car elle rencontre un jeune sculpteur, Jean-Baptiste Clésinger. Solange l’épouse alors rapidement, alors qu'elle n’a que 19 ans. Nouvelle déception, car si Clesinger est un excellent sculpteur, il est aussi violent, buveur, menteur et surendetté, ce qui provoque de graves crises dans la famille et dans le couple. Même Chopin désapprouvera cette union. Solange et son mari sont mis à la porte de Nohant par George Sand qui transforme leur chambre en théâtre… Le couple Clesinger se sépare au bout de quelques années, après un divorce tumultueux. Ils eurent deux petites filles, qui ne vécurent pas longtemps.

Solange a un projet, écrire une biographie du maréchal de Saxe, son ancêtre, dont sa mère garde un portrait dans sa chambre à Nohant. En mai 1860, elle débute une chronique dans l’hebdommadaire Le Courrier de Paris, mais le journal fait banqueroute. Nouvel échec. Elle écrira alors par l’entremise de sa mère pour Le Courrier de France. Elle invente en 1867 un procédé unique d’un système de peinture sur satin et soie, hélas le procédé est difficile à mettre en œuvre et ne sera jamais breveté. Depuis toujours, Solange a un vœu sincère, quitter Paris et vivre en Berry, près de Nohant, près de sa mère, ce que refuse violemment l’écrivain. Solange, malheureuse, est en proie à des blessures morales et bientôt physiques. Elle a du mal à se remettre de ses « maladies ». Elle voyage aussi, de Cannes à Nice, de l’Algérie à la Suisse, en Italie (Florence, Naples, Gênes, Rome) mais rien ne semble vraiment effacer ses blessures : « Aussi la vie me tape tellement sur les nerfs à de certains jours, que je décampe pour Venise, pour Alger, ou pour Florence, sans autre compagnon que moi-même » (Michelle Tricot, p. 163). Malaimée par sa famille, elle est adorée de ses amis et notamment Charles Poncy, un ami fidèle, qui l’aidera à construire sa villa de Cannes, « Malgrétout ». A la fin de sa vie, elle fait de nouvelles rencontres avec le pacha égyptien Wacyf Azmy, le comte Alfieri di Sostegno ainsi qu'avec des habitants de La Châtre, dont le docteur Pissavy, qui tous, souvent l‘aideront financièrement.

Enfin, Solange fait acheter le château de Montgivray à l’une de ses amies, Madame Brétillot, et s'y installe. Elle peint dans une tour des décors d’oiseaux et de fleurs que l’on peut y voir encore aujourd’hui, et fait également aménager un salon de style oriental, dont l'ornement principal est un imposant palmier. La mort de son frère en 1899, est un grand chagrin. Elle demeurera la gardienne de la mémoire de sa mère, gardienne « morale » allant jusqu’à se battre contre la publication de volumes dont des lettres intimes (on pense à sa relation avec Alfred de Musset).

La dame de Montgivray aura écrit et publié poèmes, pièces de théâtre, essais et deux romans Jacques Bruneau et Carl Robert, passés dans l'ensemble inaperçus. Elle fut aussi férue d’histoire et de recherches historiques portant, entre autres, sur la Vallée Noire. Solange Sand a été une femme tourmentée et fidèle à « l’esprit caustique, acerbe, ses railleries par trop spirituelles lui valurent beaucoup d’inimitiés » (M. Tricot, p. 286). Sa correspondance foisonnante montre son attachement affectif à ses amis. Aujourd’hui, on reconnaît les réelles qualités artistiques de cette femme qui sans doute, pouvait être une ombre pour sa mère.

Solange Sand meurt à Paris de l'influenza le 17 mars 1899. Elle repose à Nohant.

(Dossier préparé par Jérôme Descoux - Archives départementales) - Photographies du décor du château de Montgivray avec l'aimable autorisation de la mairie de Montgivray.

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, la Déléguée départementale aux droits des femmes / DDCSPP et les Archives départementales présentent, avec les collaborations amicales de Vanessa Weinling, directrice du musée George Sand et de la Vallée noire de La Châtre, et de Sylvie Giroux, directrice du château de Valençay, un choix subjectif de biographies dédiées aux femmes indriennes.

C'est aussi l'occasion d'écouter ou de réécouter Portraits de femmes, une récente émission de la série "Mémoires vives" réalisée par la radio RCF en Berry en partenariat avec les Archives départementales.

Bibliographie

Michelle Tricot, Solange fille de George Sand, Paris, 2004.

Michelle Perrot, George Sand à Nohant : une maison d'artiste, Paris, 2018.

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