Raymonde Vincent (1908-1985), l'écrivaine
Ecrivaine berrichonne, autrice d’une dizaine de livres, Raymonde Vincent a obtenu en 1937 le prix Fémina avec son premier roman « Campagne ». Aujourd’hui méconnue, une partie de ses archives littéraires est conservé aux Fonds Patrimoniaux de la ville de La Châtre.
Raymonde Vincent est née dans une famille paysanne en 1908. Elle grandit à Villours près de Levroux dans la ferme familiale. Après la mort prématurée de sa mère à ses 4 ans, elle est confiée à sa grand-mère. Elle n’est pas scolarisée et participe aux travaux de la ferme, comme gardienne de chèvres. Elle apprend seule à lire en déchiffrant le journal et en ânonnant le catéchisme. A 13 ans, elle est engagée comme de nombreuses filles des campagnes dans les ateliers de confection près de Châteauroux aux « 100 000 chemises », où elle ne s’y plait guère.
En 1925, à tout juste 17 ans, elle quitte le Berry pour Paris où elle espère mener une vie meilleure. Les premiers temps sont difficiles et elle vit de menus emplois. Elle devient alors modèle pour des peintres de Montparnasse dont Christian Caillard, Georges Klein et Giacometti qui lui ouvrent le monde de la culture et des arts. C’est dans un café à la mode, le Dôme, qu’elle rencontre Albert Béguin, critique littéraire, traducteur et directeur de la revue « Esprit » et qu’elle épouse en 1929. Avec lui, elle fréquente Aragon, Bernanos, André Lhote, Pierre Emanuel et Giraudoux ; voyage beaucoup, et découvre la littérature.
En 1937, elle publie son œuvre la plus marquante "Campagne" pour laquelle le Prix Femina lui est décerné la même année. On y découvre le portrait d’une jeune berrichonne pendant la première guerre mondiale. Dans ce roman, elle évoque avec justesse et pudeur le monde paysan tel qu’elle l’a connu et les horreurs de la grande guerre, durant laquelle elle a perdu un frère.
Elle ne cesse d’écrire romans, poésies et articles pour la presse. Elle continue de voyager en Allemagne, en Suisse avec son époux. Très critique envers l’Allemagne, où elle a vécu la montée du nazisme, elle participe à la Résistance pendant la seconde guerre mondiale. Séparée de son époux à la fin des années 1950, elle revient s’installer en Berry, puis à Saint Chartier où elle s’éteint en 1985. Elle publie au total neuf romans, dont un posthume. Son dernier roman écrit à Saint Chartier « Le temps d’apprendre à vivre » est un récit autobiographique.
Si la vie rurale est récurrente chez Raymonde Vincent, cela ne fait pas d’elle un auteur régionaliste. Bien qu’elle exalte la beauté du travail de la terre et de la nature, elle dresse un portrait plus réaliste du monde paysan et dénonce la difficulté de trouver sa voie et de se libérer du joug des conventions.
"Chez moi la curiosité l'emportait toujours sur la prudence" Raymonde Vincent
(Dossier préparé par Vanessa Weinling, directrice du musée George Sand et de la Vallée Noire, La Châtre) - Photographies avec l'aimable autorisation de la ville de La Châtre (fonds patrimoniaux - fonds Raymonde Vincent)
A l'occasion de la Journée internationale des femmes, la Déléguée départementale aux droits des femmes / DDCSPP et les Archives départementales présentent, avec les collaborations amicales de Vanessa Weinling, directrice du musée George Sand et de la Vallée noire de La Châtre, et de Sylvie Giroux, directrice du château de Valençay, un choix subjectif de biographies dédiées aux femmes indriennes.
C'est aussi l'occasion d'écouter ou de réécouter Portraits de femmes, une récente émission de la série "Mémoires vives" réalisée par la radio RCF en Berry en partenariat avec les Archives départementales.