Clémentine Lavillonnière (1909-1984), Juste parmi les Nations
Clémentine Lavillonnière, née Bréjaud, et Clément Lavillonnière, habitaient à Bouesse avec leurs deux enfants, Jeannine, 14 ans, et Marcel, 9 ans. Clément était ouvrier maréchal-ferrant. La famille accueillait également une fillette de l’Assistance publique, Mimi.
La mère de Clément avait travaillé à Paris au service d’une famille de confession juive, les Hermann, et avait été la nourrice de leurs deux enfants, Simone et Raymond. Des liens anciens liaient les deux familles. Dès le début de la guerre, Simone Israül (de son nom d’épouse) décida d’envoyer son fils aîné Gilbert, 6 ans, chez Clément « son frère de lait » à Bouesse. Gilbert allait être très vite rejoint par Jacques, son petit frère. Les parents des garçons versaient une petite pension en dédommagement mais furent bientôt arrêtés et déportés. Les versements cessèrent donc. Les membres des familles Hermann et Israül moururent au camp d’Auschwitz.
Les Lavillonnière continuent néanmoins à assurer la garde des garçons, à titre gracieux, jusqu’à la Libération. Les enfants allaient à l’école, suivaient le catéchisme et accompagnaient le couple à la messe. Vers la fin de la guerre, lorsqu'une colonne militaire de l’armée allemande en retraite est annoncée dans le bourg, Clémentine cache les enfants dans les bois pour les mettre à l’abri du danger. A la Libération, les enfants, recueillis par leur oncle, maintiennent des liens durables avec leurs protecteurs.
Clément et Clémentine Lavillonnière connaissaient les risques encourus durant la guerre par les personnes cachant des Juifs : dénonciation, arrestation, voire déportation. Mais les liens privilégiés entre les deux familles demeuraient très forts. Selon les témoignages de Gilbert et Jacques, Clémentine n’arrêtait pas, « elle était la douceur même, toujours arrangeante », très protectrice pour les deux garçons. Sans emploi à l’extérieur, Clémentine Lavillonnière passait de la cuisine, au ménage, au repassage, et à la lessive au lavoir de la rivière. Elle nourrissait les animaux de la maison, dont les poules, poulets, canards et lapins qui fournissaient les repas quotidiens. Elle gardait aussi les bêtes quand ce n’était pas les enfants qui s'en chargeaient. Elle trayait la vache et la chèvre deux fois par jour et confectionnait des fromages et du beurre avec la crème du lait de la vache normande. « Elle nous régalait de vrais poulets rôtis et d’omelettes berrichonnes au jambon fumé ».
Clémentine Lavillonière s’est éteinte en 1984 et c’est le 18 juillet 2005 que l'Institut Yad Vashem de Jérusalem décerna à Clémentine et Clément Lavillonnière le titre de Justes parmi les Nations.
(Dossier préparé par Jérôme Descoux - Archives départementales)
A l'occasion de la Journée internationale des femmes, la Déléguée départementale aux droits des femmes / DDCSPP et les Archives départementales présentent, avec les collaborations amicales de Vanessa Weinling, directrice du musée George Sand et de la Vallée noire de La Châtre, et de Sylvie Giroux, directrice du château de Valençay, un choix subjectif de biographies dédiées aux femmes indriennes.
C'est aussi l'occasion d'écouter ou de réécouter Portraits de femmes, une récente émission de la série "Mémoires vives" réalisée par la radio RCF en Berry en partenariat avec les Archives départementales.