Protestantes toujours !
La Religion prétendue réformée ne reçut jamais une grande audience dans l’ensemble du Berry. De l’Edit de Nantes (1598) jusqu’à sa révocation par l’Edit de Fontainebleau (1685), deux principaux foyers calvinistes apparaissent à Issoudun et Argenton. Notables, commerçants et officiers constituent ces communautés. Les persécutions se multipliant à partir de 1679, elles conduisent les nouveaux convertis berrichons à adopter diverses attitudes. Certains abjurent et deviennent des catholiques sincères et convaincus, d’autres fuient vers l’étranger. Enfin, des convertis refusent obstinément l’obligation de catholicité imposée par Louis XIV. Pire, ils meurent en hérésie !
Ainsi, un procès est intenté à la mémoire de Marie Plassat, veuve de Samuel Faguet, habitante de Sainte-Sévère-sur-Indre, qui meurt protestante relapse. Selon les termes de la procédure, elle est « accusée de crime de relaps et estre morte en cet estat ». Celle-ci a refusé « les sacrements » avant de mourir, notamment l’extrême onction. Au terme du procès le 2 juillet 1689, sa mémoire dit-on est éteinte, supprimée et condamnée à perpétuité, et ses biens sont confisqués.
Un autre procès du 11 décembre 1690 est intenté à la mémoire d’Anne Prévost, femme de Samuel Renaud, elle aussi déclarée protestante relapse. Au curé venu lui administrer les derniers sacrements, elle répond "qu'elle avoit du chagrin d'avoir fait abjuration, q'elle luy déclaroit [...] qu'elle veut persister [à refuser l'extrême onction] et mourir dans la religion prétendue réformée dans laquelle est née". En application de la déclaration du roi du 29 avril 1686, la sentence du lieutenant criminel du bailliage d'Issoudun condamne son cadavre à être attaché à une charrette, traîné à travers la ville puis jeté à la voirie. On lui refuse ainsi le droit d’être enterrée et d’avoir une sépulture.
Archives départementales de l’Indre, 2 B 334
Date de modification : 19 septembre 2024